Au café de la paix
De retour d’Équateur, ayant choisi de voyager en bus pour profiter du paysage, j’ai traversé la région de Nariño, au sud-ouest de la Colombie, région dont le café est devenu célèbre grâce à une marque de café en capsules.
14 heures de voyage, sans compter les formalités à la frontière et deux bus, le premier, très vieux et très inconfortable, à 4 heures du matin, en pleine montagne de la Cordillère qui vous confirme que oui, vous vivez une sacrée aventure !
Bref, il est 20 heure, je suis arrivée à ma prochaine destination, Popayán, au cœur de la non moins célèbre région du Cauca.
Malheureusement, le département du Cauca a plus souvent fait parlé de lui pour ses multinationales de canne à sucre – qui empoisonnent les sols à grands coups de pesticides et empêchent le peuple Nasa de récupérer ses terres ancestrales – sa production de feuilles de coca, ses enlèvements, disparitions et autres tristes actions des FARCS avant le processus de paix… que pour son café.
C’est pourquoi la coopérative Cosurca fut créée il y plus de 10 ans, afin d’aider les agriculteurs à changer de mode de vie, passant de la culture illégale à celles du café, maïs, cacao et autres fruits et légumes. Il est évident que c’est une tâche extrêmement difficile, pour la simple raison que le niveau de vie d’un cultivateur de coca est sans aucune comparaison avec celui d’un agriculteur.
Cosurca fonctionne comme une association d’aide au développement rural et accompagne donc ces cultivateurs, les soutient et commercialise leurs productions dans le pays et à l´exportation. Invitée par la coopérative, j’ai pu visiter leurs locaux, observer la trieuse de café et partager une séance de catation (dégustation) de « micro lotes » de cafés de spécialité, en compagnie du responsable du laboratoire, Alberto. Je pensais visiter quelques fermes comme j’en avais pris l’habitude, mais ce ne fut pas possible.
Tito Pablo me fait visiter les locaux de Cosurca La trieuse à café en pleine action Alberto dans le laboratoire de la coopérative Alberto a gardé la premier appareil qui lui servait à torréfier les échantillons de café, il y 10 ans
Les Fincas de la coopérative sont situées à trois heures de Popayán, toutes en « zone rouge », toujours dangereuse d’accès (pour les étrangers), et ce malgré le processus de paix mis en place par le gouvernement. Il faut dire que le désarmement des factions armées n’inclut pas les narcotrafiquants, très présents dans certaines zones du pays. Ainsi, n’ayant aucun désir de réitérer l’histoire d’une française détenue dans cette région, j’ai suivi les conseils de mes hôtes et suis allée visiter la ville.
Popayán la « Ciudad blanca », tire son nom des murs de chaux blanche qui recouvrent toutes les maisons de la veille ville, centre historique et quartier colonial fondé en 1535.
Ici, en 1983, en pleine semaine sainte, alors qu’un cortège se préparait pour le défilé, un tremblement de terre fît plusieurs centaines de morts, détruisant le toit de la cathédrale.
Un habitant m’a raconté qu’à cette époque, alors que la ville était remplie de boîtes de nuit et autres lieux de fêtes en tout genre, les gens vécurent ce drame comme une punition divine.
Aujourd’hui, il ne reste aucun stigmate de ce terrible drame, mais les lieux de fêtes de Popayan ont été déplacés en périphérie…
Cette petite jarre s´appelle « Jebena ». Elle vient d’Afrique et sert à conserver le café après filtration. L’équipe du café Oromo
En flânant dans ses petites rues, mon odorat m’a conduit jusqu’au coffee shop « Oromo », où j’ai pu déguster de délicieux cafés de différentes régions du pays, préparés en Aeropress et dripper à ma demande.
Si vous y passez, vous pourrez également goûter aux méthodes Chemex, expresso ou siphon, toutes préparées par des baristas qui vous feront partager leurs connaissances et leur passion du café.
En conclusion, quand vous buvez une tasse de café de Colombie, vous participez au processus de paix de certaines régions (le gouvernement aidant les anciens FARC, qui le désirent à devenir planteurs de café et cacao) et à la lutte contre les cultures illicites dans d’autres départements du pays. De plus, nul besoin de prendre l’avion, même si je vous encourage à venir, vous pouvez trouver de délicieux cafés de Colombie, chez votre distributeur préféré.