Augmentation du prix du café : point actualité

Le café a encore atteint des records en décembre. L’arabica était en mai à 135 cents la livre, en décembre son prix avait atteint 220 cents la livre soit une augmentation de près de 60% en 6 mois et un record vieux de 13 ans pulvérisé tandis que le robusta battait son record de 2008 !

 
Quid des raisons de cette envolée ?

On nous le dit et rabâche : les mauvaises conditions météorologiques sont les premières à blâmer.  On peut déjà exclure il est vrai le café australien des récoltes de cette année, en raison des gigantesques inondations au Queensland, où il est produit. Le café d’Amérique centrale voit lui aussi l’ampleur de sa production menacée au vu des pluies torrentielles s’étant abattues sur la région.  
Cependant la vraie raison que l’on peut déceler sous cela provient du jeu somme toute assez pervers mené par les acteurs de la finance et la spéculation. Ils se sont servis de l’abondance de liquidités permis par l’assouplissement quantitatif initié par la FED pour investir massivement dans les matières premières. Les cours du café sont fixés pour l’arabica majoritairement à la bourse des matières premières de New-York et le cours du Robusta est décidé à Londres.  Comparé au prix des actifs financiers immatériels dont on a vu les risques qu’ils peuvent engendrer lors de la crise des subprimes, le prix des matières premières est non seulement beaucoup moins élevé mais également un placement beaucoup plus sûr. Certains fonds se sont donc accaparés des quantités énormes de matière première comme on a pu le voir en juillet avec un fond britannique qui a fait grimpé le prix du cacao à un record non atteint depuis 33 ans ! (cf http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/hors-cote/201007/20/01-4299865-un-fonds-speculatif-se-gave-de-cacao-et-met-le-marche-en-ebullition.php)

“ Cette opération «a été conçue pour faire gagner des millions au fonds spéculatif mais perdre de l’argent aux Britanniques fans de barres chocolatées, ou aux agriculteurs des pays en développement, qui se trouvent dans l’incapacité de gérer leurs cultures quand les prix jouent au yo-yo», a estimé dans un communiqué l’ONG World Development Movement. »

 
Or la demande ne fait qu’augmenter (on l’a vu avec l’article sur la Chine : https://www.mon-cafe.com/la-chine-nouvelle-terre-de-cafe-b-268.html). La production mondiale de café représente un stock de 6 mois. Voyant les prix grimper dès mi 2010, les acheteurs ont attendu, tablant sur une diminution du cours. Seulement, les prix n’ont fait qu’empirer, allant de record en record, avec des acheteurs toujours plus réticents à acheter car ne pouvant imaginer que le cours n’allait pas redescendre. Or aujourd’hui, ils sont dans une des pires situations possibles où ils sont obligés de reconstituer leurs stocks et où le cours est au plus haut. Les fonds spéculatifs ayant acheté les stocks au tout début ont la main haute sur le marché et peuvent fixer les prix qu’ils veulent. Ces résultats ne vont malheureusement, on peut le prévoir, ne faire qu’accentuer la voracité des investisseurs.
Pour lutter contre cela, les politiques via le G20 ont proposé de limiter la volatilité des prix qui ne fait qu’accentuer la crise en empêchant les producteurs de se projeter sur le long terme.

En attendant de voir se mettre en place dans un futur lointain une quelconque forme de régulation, préparez vous à voir le prix de votre café matinal vous faire rire jaune…