Café soluble : la tête de pont .
La consommation de café en Europe ne cesse d’augmenter : il y a plus de 30 ans cependant, le marché du café était considéré comme ridicule comparé à d’autres produits tels que le thé dans certains pays, notamment au Royaume-Uni et en Russie. L’origine de ce changement serait l’introduction du café soluble.
En 2006, le Dr. Terry Mabbett écrivait un article pour le magazine Tea and Coffee sur le café soluble en Europe, et notamment au Royaume-Uni et en Russie.
Ce que l’on peut retenir de cette étude, c’est l’essentialité du café pour la plupart des européens : le café soluble représente notamment une grande part de cette consommation européenne (plus de 80% au Royaume-Uni et plus de 90% en Russie).
L’intérêt, pour le chercheur, était de souligner l’influence qu’a le café soluble sur les habitudes de consommation du café dans ces deux pays qui offrent un contraste assez prononcé. Le seul point commun de ces deux pays est leur tradition de consommation du thé, tradition quel que peu perturbée par le succès du « breuvage noir ».
Le café a mis beaucoup de temps à s’introduire sur le marché britannique, essentiellement à cause du thé. Mais le café soluble, dont la préparation ressemble particulièrement à celle du thé, a su trouver son public de consommateur, à se développer, et à se maintenir, faisant office de « tête de pont » pour le reste du commerce du café.
La Loudwater Trade & Finance Limited débuta dans le commerce du café dans les années 1980 et se focalisa sur le marché du café soluble au début des années 2000. La compagnie fait aujourd’hui parti des « majors » du café soluble en Grande Bretagne, et transporte plus de 6000 tonnes de café soluble par an, essentiellement en provenance du Brésil et d’Equateur. Le café soluble d’Equateur provient de nombreuses régions du monde, notamment l’Afrique et l’Amérique du Sud. Il offre une large palette d’Arabica et de Robusta, ce qui explique qu’il soit particulièrement apprécié par les importateurs britanniques.
Le marché britannique du café, vieux de plus de 50 ans à présent, a su mûrir et les exigences vis-à-vis du café soluble n’ont cessé d’augmenter. Le développement de nouvelles techniques a permis d’attirer toujours plus de consommateurs : tout d’abord la lyophilisation, ou séchage à froid, puis l’aromatisation, ou le processus d’épandage d’huile de café sur les grains non-encore traités pour leur donner un arôme unique, autant d’innovations qui ont fait le succès du café soluble en Grande-Bretagne.
Au contraire, le marché russe est beaucoup plus jeune et moins exigeant.
Pour la Russie, le café soluble a d’abord été produit sur place, important des cafés d’origine brésilienne et sud-américaine pour la plupart, et ce il y a plus de 35 ans. Cependant, la quantité produite n’était pas très importante, au regard du marché très limité. Le marché du café soluble ne s’est véritablement développé que dans les années 1990, lorsque le marché Russe fut ouvert aux marques occidentales. La grande diversité de marques a fait place à des grands groupes internationaux qui ont su se faire une place depuis lors.
En 2001, la quantité de café soluble consommée par an équivalait à 50 000 tonnes. Depuis lors, elle a plus que triplé : il est très facile de se rendre compte que le café soluble a fait des « ravages » en Russie. Notamment, le vocabulaire utilisé pour décrire le café correspond parfaitement à ce secteur du maréch : un café avec un bon arôme, pas trop acide, sans sédiments et suffisament robuste pour que le goût résiste à l’ajout de lait ou de crème.
Et en France?
En France la problématique est sensiblement différente, ce qui en fait un marché d’autant plus averti que la Grande-Bretagne.
En effet, le commerce du café s’est progressivement imposé en redéveloppant la notion de « terroir », qui dérive ainsi directement de l’oenologie. En considérant que cette notion d’origine du produit est une particularité bien française, nous pouvons comprendre le succès des cafés « d’origine ».
La plupart des Français ont ainsi accès à plus de 50 origines de café différentes. Même si pour les industriels du café le changement est extrêmement minime, cela a fait bondir la consommation de café en France, faisant de notre marché l’un des plus varié au monde. A noter que le développement du café bio ou des cafés issus du commerce équitable ajoutent toujours plus de diversité dans le choix du « kawa ».
Quoi qu’il en soit, le marché du café est toujours plus important en Europe. De telles constatations laissent dubitatif tant « l’inculture » qui entoure ce produit est immense. De telles constatations ne font que légitimer l’initiative de Mon-Café d’apporter un peu plus à la connaissance du café.