Hausse des matières premières : l’exemple du café.
Que d’évènements. Il a suffi de trois mois à peine pour changer la face du monde. Révolutions, tremblements de terre, guerres, il n’est pas assez des trente minutes de journal télévisé du soir pour nous informer des bouleversements qui secouent notre planète. Perturbés par l’actualité brûlante, peut-être avez-vous moins porté votre attention sur quelque chose qui nous concerne pourtant tous. L’envolée des matières premières est pourtant bel et bien là hélas. Le pétrole, bien sûr, dopé par la guerre libyenne et l’insécurité des régimes arabes. Le café également est touché de plein fouet et il suffit de ce simple graphique pour rendre compte d’une réalité saisissante : le café devient un produit de luxe !
De janvier à février, les prix ont bondi de près de 10%, une hausse jamais enregistrée depuis 1977….et en comparant au même mois l’année précédente, une augmentation de 75% ! L’envolée des cours ne s’est pas limitée, comme parfois, à une seule catégorie mais a touché les quatre groupes de façon indistincte, empêchant les entreprises de parer à cela en misant sur d’autres sortes de café. Ce sont les entreprises ayant tout misé sur les Arabicas qui perdent le plus en ce moment, l’augmentation du prix de ces derniers atteignant des sommets vertigineux, comme on peut le voir sur le graphique ci après.
On peut s’attendre à une hausse de 10 à 20% du prix du café, pour plusieurs raisons. L’augmentation du pétrole va automatiquement provoquer des coûts de production et de transport plus élevés. A cela s’ajoute la spéculation, dont le rôle a été explicité dans un article antérieur mais également la météo : les très mauvaises conditions climatiques au Brésil et en Colombie, grands producteurs d’arabica, présagent d’une diminution de qualité. La production asiatique et océanienne n’a pas été épargnée, on l’a vu lors des inondations catastrophiques dans le Queensland, où la baisse de production prévue est de 3,2%. Pourtant la production estimée pour l’année 2010-2011 est de 133 millions de sacs de café, soit une variation positive de 8,5% par rapport à l’année antérieure. La production africaine est en hausse partout et les prévisions apparaissent bonnes pour les régions d’Amérique du Sud et centrale.
La consommation suit aussi une pente ascendante, puisque depuis 2000 la moyenne de croissance par année s’est établie autour de 2,3%. L’équilibre reste fragile donc une offre précaire et une demande persistante, ce qui fait pencher la balance en faveur des industriels et distributeurs. Le rapport de l’ICO indique en outre que puisque les rendements sont si attractifs, les exportations vont poursuivre sur leur lancée dynamique mais il est à craindre que les stocks ne se renouvellent pas à la hauteur de ces exigences.