Le café zapatiste ou comment le café sert la politique

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Connaissez-vous le café zapatiste ? Drôle de nom pour un café, faisant référence au révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata. Oui mais l’histoire de ce café est profondément lié à l’histoire du Mexique et plus particulièrement à celle des Indiens de la région du Chiapas au sud du pays. Petite histoire mexicaine

Tout commence en 1994 avec la mise en place de l’Alena (Accord de Libre échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada). Dans la région du Chiapas, des Indiens autochtones occupent plusieurs villes en dénonçant la dépossession de leur terre (avec les mêmes revendications qu’Emiliano Zapata au début du siècle), mais surtout en pointant du doigt la pauvreté de la population compte tenu de la richesse de la région.
Est alors créée l’Armée zapatiste de libération nationale qui entre directement en conflit avec l’état mexicain pour la récupération des terres des Indiens du Chiapas. Le 16 février 1996, après 2 ans d’affrontements, les « Accords de San Andrés Larrainzar » sont signés et reconnaissent le droit des Indiens. Mais la lutte contre les grands propriétaires terriens, eux-mêmes organisés en groupes armés, dure toujours.

Mais alors quel rapport avec le café ?

La véritable idée de génie a été de construire ce mouvement autour de communautés dédiées à la culture du café. Le Café Rebelle et Zapatiste « Café du Chiapas cultivé de façon biologique et cueilli avec dignité » (inscription que l’on peut lire sur les paquets de café) a pris en marche le train du commerce équitable et bénéficie du soutien de nombreux groupes de solidarité en Europe.
La vente du café à un prix plus élevé a en effet permis le développement de coopératives, mais pas seulement : l’aspect « communautaire » de la société des Indiens Chiapas cherche à pallier aux carences en eau, électricité, instruction que ne parvenait pas à pourvoir le gouvernement mexicain. Se sont ainsi créés hôpitaux, routes, écoles…

Deux coopératives

L’essentiel de la production est assurée par deux coopératives : Mut Vitz, est une coopérative zapatiste qui regroupe actuellement 643 cultivateurs de café, répartis dans 26 communautés de la région des Altos au Chiapas. C’est une coopérative qui produit également du miel et qui a développé l’artisanat local, notamment grâce à la participation des femmes des communautés.
L’autre coopérative, Yachil Xojobal Chulchan, regroupe plus de mille producteurs autour de la ville de Polho. A l’heure actuelle ces communautés sont toujours en lutte avec les propriétaires terriens de la région de Chiapas.
Comme quoi le café, bien plus qu’une boisson, peut servir de symbole politique à tout un peuple.

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