Quand la langue française rencontre le café.
« Quel jus de chaussette ! » Mais d’où vient-elle, cette étrange image ? Comment est-on passé d’une chaussette au café ?
On l’entend à chaque coin de zinc, dans le moindre troquet, au détour d’une machine d’aire autoroutière,…bref à n’importe quel point de vente de café. Souvent professée d’un ton de dégoût, suivi d’une grimace éloquente, cette expression n’est généralement pas de bon augure pour la prospérité de l’endroit susnommé. L’exclamation indique un café insipide et sans goût, décoction infecte et autres qualificatifs péjoratifs.
« Quel jus de chaussette ! » Mais d’où vient-elle, cette étrange image ? Comment est-on passé d’une chaussette au café ?
Il faut remonter à la guerre de 1870 pour en retrouver la trace. Les soldats ne disposaient pas de moyens pour filtrer le café. Ils ont donc fait appel au système D :
« Le café en grain était versé dans une grande écuelle ou bassine en fer, les soldats l’écrasaient avec la crosse du fusil. Ils faisaient bouillir de l’eau dans une marmite, jetaient le café écrasé, arrêtaient la cuisson et, pour le boire, le filtraient dans une chaussette » (Source : http://latrentequatrefnso.unblog.fr/2010/01/27/dou-vient-lexpression-jus-de-chaussette/).
On peut sans peine imaginer que le breuvage produit n’était pas du meilleur goût et devait s’imprégner du délicieux fumet exhalé par les chaussettes évidemment lavées tous les jours des militaires en campagne…
« C’est un peu fort de café tout de même ! ». Encore une preuve que le café a marqué durablement notre belle langue française puisque je l’ai encore entendu pas plus tard qu’hier. Elle signifie l’incrédulité d’une personne confrontée à ce que lui raconte son interlocuteur. Quand quelqu’un veut nous faire croire quelque chose et que l’on veut montrer que l’on n’est pas dupe, alors vient le moment de faire étalage de notre culture caféologique et de nous emparer théâtralement de cet héritage. En effet on peut remonter les origines de cette expression au 17ème où on soulignait l’exagération par « c’est fort !». Le café étant parfois trop fort, on a associé les deux expressions et on retrouve la définition de l’expression dès 1808.
On peut remplacer café par moka ou chicorée mais tel une suite de film, rien ne vaut l’original…