Test du torréfacteur IMEX Caffe Rosto CR-100

J’ai testé pour vous le fameux torréfacteur domestique vedette CR-1OO (appelé Caffe Rosto outre-atlantique) de la marque coréenne IMEX. Son rapport qualité/prix est-il aussi exceptionnel que tout le monde le prétend ?

Vers la torréfaction domestique

Pour l’amateur, la torréfaction est la première étape du processus d’extraction du vin d’Arabie. Cette étape est un maillon d’une chaîne à l’équilibre instable. Si un seul des maillons est loupé, c’est l’ensemble du process qui s’effondre. Pourquoi je dis que c’est le premier maillon ? Car en France métropolitaine nous avons rarement la possibilité de cultiver, de récolter et de faire sécher des cerises de caféier…

Quelle idée saugrenue de torréfier son café à l’heure des capsules ou autres POD ? Pas vraiment. En effet, l’important pour le barista (amateur ou professionnel) est de maîtriser lui-même tous les maillons du processus. Sinon il faut avoir entièrement confiance en une tierce personne pour les maillons non maîtrisables pour raisons logistiques. Nous pouvons faire un parallèle avec la photographie argentique et numérique. Pratiquant cette activité, lorsque le numérique n’en était encore qu’à ses balbutiements, on me demandait souvent laquelle des deux technologies était la meilleure en terme de qualité d’image (en couleurs) . A l’époque, l’argentique était encore devant et pourtant je commençais à conseiller le numérique. Pourquoi ? Au delà de toutes considérations pécunières, j’étais de plus en plus déçu par le développement et le tirage qui étaient sous-traités faute de volumes corrects. Potentiellement, l’argentique était meilleur mais lorsque je maitrisais tous les maillons du numérique, (l’impression étant bien plus pratique et accessible qu’avoir un labo photo) j’obtenais de meilleurs résultats. C’est pareil avec un torréfacteur domestique, il est potentiellement inférieur à un torréfacteur professionnel, mais on peut obtenir précisement le degré de cuisson que l’on souhaite. Et ça, cela n’a pas de prix…ah si 169 euros ! Il s’appelle Caffe Rosto ou CR-100 et est conçu et fabriqué par la marque coréenne IMEX.

Premiers contacts

J’étais très excité à l’idée de tester ce fameux torréfacteur. Son faible coût, sa simplicité d’utilisation et ses bonnes performances lui ont valu de connaître un certain succès dans plusieurs pays (Etats-Unis, Canada, UK). Nous allons vérifier si sa réputation est justifiée.

Le Caffe Rosto CR-100 à côté d’une ISOMAC Zaffiro	Le torréfacteur et ses accessoires

Sorti de sa belle boîte sur laquelle est imprimé plein d’informations nécessaires (et suffisantes), la torréfacteur est assez compact. La finition, sans atteindre des sommets, est bonne (il fait son poids) et est en corrélation avec le prix du produit. Il est livré avec son couvercle en verre, un brosse de nettoyage, une mesure (environ 160g), et un réceptacle de parches (pellicules cellulosiques).

Réceptacle de parches	Câble d’alimentation enroulé

Le réceptacle de parches grillagé est amovible afin de faciliter le nettoyage. Le câble d’alimentation peut s’enrouler à la base du torréfacteur pour faciliter son rangement. Une initiative que l’on aimerait rencontrer plus souvent sur tout le petit électroménager.

Minuteur

Le fonctionnement du torréfacteur est extrêmement simple : les 2 seuls paramètres réglables sont la quantité de café à torréfier et le temps de cuisson. Ici, point de contrôles de température, de profils…etc.

Mode d’emploi sur la boîte

Mode d’emploi papier

Grammage de café vert

Sous 230V (tension distribuée en France depuis juin 1996), le mode d’emploi papier nous recommande de torréfier entre 150 et 180g de café vert. Une note stipule de prendre la précaution de ne jamais torréfier moins de 140g ou plus de 190g. Les temps précaunisés dans le mode d’emploi pour 150g de café vert sous 230V sont donnés dans le mode d’emploi papier ci-dessus. Cependant, ils sont donnés à titre indicatif car ces temps dépendent de la température de la pièce. Par exemple, 150g d’un même café vert m’a demandé 7min30 sous 22°C de température ambiante (appartement) contre près de 9min sous 16°C (local).

Le café vert utilisé pour les essais est du Santa Lucita qui provient du Guatemala, de la région San Marcos. C’est un café puissant, acidulé et floral. Après plusieurs essais, c’est le grammage de 150g donne les meilleurs résultats en terme d’homogénéité de cuisson. Plus on torréfie une quantité importante, plus la différence de teinte entre les grains est flagrante : certains sont Light French roast et d’autres sont City+ roast sur la charte de comparaison de sweet maria’s. Avec 150g, l’homogénéité se situe au meilleur niveau de tous les torréfacteurs domestiques que j’ai pu essayer (Gene Cafe et i Roast).

Toile du jute équitable fabriqué main au Guatemala	150g de Santa Lucita

Essai de torréfaction

150g de café dans la belle chambre de torréfaction en inox, je commence avec les temps indicatifs fournis avec la notice. Soit 8min pour une torréfaction moyenne. Il suffit d’appuyer sur l’interrupteur principal et de choisir le temps de cuisson avec le minuteur. Le bruit émis par le torréfacteur en fonctionnement s’apparente à celui d’un sèche-cheveux. Il ne reste plus qu’à apprécier la transformation des grains pendant le procédé de torréfaction.

Grains en début de cuisson

Grains après 4min

Grains après 6min

Après 8min de cuisson, la phase de refroidissement débute : la résistance du CR-100 s’arrête automatiquement (indiqué par l’interrupteur principal qui s’éteint) et le ventilo continue de tourner. Elle durera environ 4 min. Quelques secondes avant cette phase, le torréfacteur se met légèrement à fumer par le conduit : la hotte n’est pas obligatoire. L’odeur que prend la pièce met l’eau à la bouche (sauf à la toute première torréfaction, une légère odeur de neuf s’est dégagée : tout se rode). Quelques morceaux de parches parviennent à passer par la grille du conduit, mais rien de bien grâve. Pour info, on peut se fier à la précision du minuteur.

Le résultat est sans appel : grains crâmés. Il faut donc réduire le temps. J’ai donc essayé 6min, 7 min et 7min30. Ce dernier était le bon temps pour la torréfaction que je souhaitais. Les résultats sont visibles ci-dessous :

6min : first crack

7min : City+ roast

7min30 : Light French roast

8min : Full French roast

Le torréfacteur ne laisse pas une grande marge de manoeuvre et l’on voit que 30s changent beaucoup de chose ! En effet, avec une torréfaction moyenne de 7min30, ce torréfacteur laisse moins de tolérance qu’un i Roast (10min) ou encore qu’un Gene (16min). Mais la bonne nouvelle, c’est qualité de la torréfaction. Je ne m’attendais pas à un tel résultat. L’homogénéité des grains est excellente. J’ai eu le plaisir d’essayer un Gene il y a quelques mois. J’ai obtenu de bons résultats sans avoir l’homogénéité du CR-100. Il est vrai que le Gene est un appareil potentiellement très performant et quelques jours ne sont pas suffisant pour le dompter totalement. Cependant, il m’a été prété par un torréfacteur et ce dernier m’a dit que l’homogénéité n’était jamais parfaite. Après, l’homogénéité est-elle un critère important pour le résultat en tasse ? C’est un autre débat…

Vidéos du processus de torréfaction

Perte de poids

Durant la première moitié du temps que dure la torréfaction, les sucres et l’eau caramélisent. A partir de 200°C, les arômes commencent à se révéler. C’est ce qu’on appelle la réaction de Maillard. Le changement de couleur progressif des grains pendant le processus se nomme la réaction de Stücker. D’autres conséquences de la torréfaction sont l’augmentation de volume et la perte de poids des grains. Lors de notre essai, la masse est passée de 150g à 126g soit une perte de 16%. Tenez en compte lors de la comparaison entre le prix de café vert et torréfié.

Conclusion

Le résultat en tasse est excellent et en espresso, la crema est épaisse et persistante. Avec facilité et à moindre coût, le CR-100 permet d’avoir un café toujours frais. Le café vert s’il est bien stocké (faible taux d’humidité) peut se conserver plusieurs mois. L’un des intérêts d’avoir un tel torréfacteur domestique est d’en acheter plusieurs kilos et de torréfier juste la quantité nécessaire chaque semaine.

+ simplicité d’utilisation               – marge de manoeuvre (temps)

+ compact                                     – température non réglable

+ résultats de torréfaction             – bruit

+ fumée réduite

+ rapport qualité/prix